Réorganisation du groupe Wagner à l’ère post Prigojine

« Rien ne se perd, tout se transforme« , la célèbre phrase du chimiste Lavoisier s’applique aussi à la science des organisations paramilitaires proxies russes. Tout commence avec le mouvement engagé par la mutinerie des hommes de Prigojine fin juin 2023. Alors qu’il annonce la fin de sa marche pour la Justice sur Moscou, il vient de déclencher l’engrenage de son propre remplacement par le Kremlin. Pour le gouvernement russe il n’est pas question d’arrêter les missions du groupe Wagner: dix ans de succès à l’international et un business lucratif de son produit phare: la préservation de régime contre un accès privilégié aux marchés politiques et commerciaux du pays client. Le Kremlin va alors amorcer une réflexion sur comment remplacer Prigojine et éviter l’émergence d’un nouveau compétiteur au régime poutinien tout en maintenant et renouvellant la célèbre marque Wagner, garante de l’attractivité russe.

AEOW enquête depuis juillet 2023 sur les conséquences de la mutinerie du groupe Wagner et à la réorganisation du groupe Wagner suite à la mort de Evgeny Prigojine et de son conseil dans le crash d’un avion en août 2023. Cette recherche se fonde sur des informations recoupées obtenues en sources ouvertes mais aussi s’appuyant sur les contacts du collectif. Elle ne se veut pas parfaite ni exhaustive mais propose des clefs d’analyse à destination du grand public, des médias, universitaires et pouvoirs publics pour comprendre que le groupe Wagner n’est pas mort avec ses leaders. Nos recherches à date permettent d’affirmer les points suivants:

  • La marque Wagner reste une marque puissante sur le continent Africain mais aussi en Russie. Le Kremlin continue de l’utiliser pour renforcer ses positions et gagner l’adhésion des populations cibles (domestiques ou potentiels clients). Le Kremlin a compris la puissance du story-telling et du marketing et n’hésite pas à créer des marques nouvelles comme African Corps ou African Initiative pour un discours percutant.
  • Les missions du groupe Wagner ont été dispersées entre plusieurs organes de sécurité russes afin d’éviter la concentration des succès (et donc la création d’un contrepouvoir) dans les mains d’un leader ou d’un groupe mais aussi pour créer une compétition et surveillance entre les différentes unités impliquées. Le défi et point faible de ce dispositif réside dans la capacité de ces organes à collaborer efficacement ensemble et à se coordonner.
  • Malgré une proximité poreuse entre le groupe Wagner et les services de sécurité russes/le Ministère de la Défense russe, le concept de l’organisation paramilitaire était le déni plausible pour le Kremlin: la possibilité pour le pouvoir russe de nier tout lien avec le groupe Wagner et donc toute responsabilité dans les actions du groupe. Dans l’ère post Prigojine, nous assistons à un jeu plus subtile:
    • Le Kremlin affiche plus directement ses velléités d’influence à l’international: nouer publiquement des partenariats militaro-politiques à l’international sert son agenda politique. Le lien est plus direct entre les organisations paramilitaires envoyées en renfort de pays clients et le pouvoir russe.
    • Le Kremlin compte sur l’aggrégation de ressources humaines issues d’organisations de sécurité/paramilitaires dont les dirigeants ont tous un passif dans les services de sécurité russes. Le pouvoir russe emploie donc des proxies qui ont une existence réelle mais qui ont signé un contrat avec les services de sécurité russes et sont sous leur commandement effectif. Deux usages: venir augmenter la masse de combattants mais aussi servir de poissons pilotes dans des géographies d’intérêt pour le Kremlin.
    • Le groupe Wagner n’est pas tout à fait mort et n’a pas été totalement tué par le Kremlin.

AEOW présente ci-dessous les grands axes de cette ré-organisation qui seront mis en ligne au fur et à mesure (cliquez sur les images pour accéder aux articles).

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