Russie-Afrique : un forum en demi-teinte à l’ombre de la guerre en Ukraine

Réunissant plusieurs pays africain et des représentants de la CEDEAO au Caire du 19 au 21 décembre , le deuxième Russia–Africa Ministerial Partnership Forum a offert une image en demi-teinte de la stratégie africaine de Moscou. Un petit format qui tient dans une petite salle pour préparer le troisième rendez-vous Russie-Afrique qui doit se tenir en 2026 mais sans les figures clefs des partenariats de la Russie sur le continent.

L’ensemble des participants

Le choix de la capitale égyptienne n’est pas anodin : l’Égypte demeure l’un des principaux clients africains de l’industrie d’armement russe et un partenaire sécuritaire de premier plan. Selon plusieurs documents obtenus par INPACT, l’Egypte fait également partie des pays ayant contribué le plus à l’effort de guerre en Ukraine, notamment par la fourniture d’hommes pour combattre dans les rangs russes. Pourtant la Russie fait de plus en plus grincer les dents d’un de ses partenaires historiques en défiant sa position historique dans la Mer Rouge. En Octobre dernier, le Soudan a présenté au gouvernement russe une proposition ranimant les accords de 2020 pour la construction d’une base militaire navale russe avec une concession de 25 ans et la possibilité d’avoir 300 soldats sur place et quatre bâtiments de guerre. Un pacte bénéficiant mutuellement aux deux parties: garder une ligne de vie pour les soudanais et parer à l’incertitude syrienne pour la Russie.

L’événement, observé par INPACT, s’est toutefois distingué par son format réduit : nombre de pays participants réduits, une salle de taille modeste, une assistance clairsemée et l’absence de figures habituelles des cercles sécuritaires russes, notamment issues du renseignement militaire pour les discussions bilatérales. On note également l’absence des formats réduits avec des partenaires clés de la Russie: RCA, Mali, Burkina Faso ou Niger. Cette discrétion contraste avec les démonstrations de force diplomatique des éditions précédentes.

Sur le plan politique, quelques signaux ont néanmoins été envoyés, avec la signature d’accords bilatéraux avec le Zimbabwe et la présence de représentants soudanais. Ces derniers ont appelé à la classification des FRS comme groupe terroriste, oubliant le rôle joué par la Russie dans l’entraînement et l’armement du groupe quelques années auparavant sous la direction de Evgeny Prigojine. Des représentants de la Mauritanie ont été particulièrement soignés, dernier pays du Sahel en marge des autres et particulièrement suivi par l’occident. De même, la Russie continue de consolider ses liens avec l’Ethiopie, un pays d’importance pour sa stratégie africaine.

À l’inverse, les représentants du Front Polisario ont été tenus à l’écart, confirmant une ligne diplomatique officielle prudente vis-à-vis des groupes revendiquants leur indépendance, ce qui dénote des récits poussés par les opérations d’influence russes.

Enfin, il est intéressant de noter deux points inscrits dans la déclaration commune post forum. Un des premiers points porte sur le néocolonialisme, la Russie indiquant qu’il reste à faire des choses en termes de décolonisation.

Coincidence de calendrier, l’Algérie présente au forum, demandera trois jours après le forum des “excuses” et des réparations à la France.

La Russia a également parvenu à faire inscrire dans son texte la réussite du partenariat sécuritaire russo-africain alors même qu’INPACT n’a identifié aucun représentant de l’appareil sécuritaire du Mali, Niger et Burkina Faso et que la progression des groupes armés au Sahel est devenue le symbole de l’échec sécuritaire russe sur le continent, le tout teinté de violations des droits humains récurrents et continus depuis l’arrivée russe au Soudan en 2017.

Signe notable enfin du double discours habituel: la Russie est apparue focalisée sur le respect des traités de non prolifération alors qu’elle a facilité le convoi de yellow cake depuis le Niger et à destination du Togo via un itinéraire passant par des territoires terroristes .

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