Depuis quelques mois, les rumeurs évoquent un rapprochement de Moscou avec les Houthis dans le cadre d’un soutien au groupe armé dans sa guerre contre Israël et l’Occident. Pourtant dans le pays, Moscou joue double entre soutien aux Houthis et officialisation de sa présence.
Depuis 2022, Abdelmalek al-Ejri, l’adjoint du porte parole des Houthis Mohamed Abdulsalam, multiplie les voyages à Moscou pour rencontrer le Kremlin. Dès 2022, il est pris en photo à Moscou avec Hashim Ismail Ali, gouverneur de la Banque Centrale de Sanaa. D’après une source, la délégation fait une demande à Moscou pour faciliter la frappe de ses devises. Finalement les russes ne donneront pas de suite.
Par deux fois, al-Ejri évoque une mission en Russie à la rencontre des autorités en 2024. D’abord en Janvier 2024, probablement le 21 lors de la fête de Lénine évoquée dans un poste. La délégation emmenée par le porte parole des Houthis Mohamed Abdulsalam rencontre le vice Ministre des Affaires Etrangères Mikhaïl Bogdanov en charge du Moyen-Orient et de l’Afrique pour discuter de la situation à Gaza, du rôle des Houthis dans les attaques sur les navires et de l’évolution de la relation avec l’Arabie Saoudite.
Puis début juillet 2024, la délégation menée par Mohamed Abdulsalam rencontre à nouveau Mikhail Bogdanov en Russie.
Au-delà des visites diplomatiques des Houthis en Russie, le soutien réciproque entre Moscou et le groupe armé semble effectif. Début Octobre, Viktor Bout, le célèbre marchand d’armes russe, est aperçu à Aden en train de négocier une vente d’armes pour les Houthis. Cette information a été confirmée à INPACT par différentes sources suite à la publication dans le WSJ. Depuis, le mois de Septembre des vidéos ont commencé à émerger sur les réseaux sociaux (voir ici et ici) et des articles publiés au sujet du transfert d’hommes yéménites pour combattre pour la Russie en Ukraine. Ce réseau de trafic humain a été confirmé récemment par le FT.
Ce réseau de trafic humain est géré par la société Al Jabri General Trading & Investment dont le propriétaire est Abed Al Wali Abdu Hassan Al-Jabri, ancien commandant de la 115e brigade Houthi jusqu’en 2019 et membre du parlement. Créée depuis 2022, la société, immatriculée 1450240, servirait à Al-Jabri d’écran pour faire du trafic d’armes d’après des sources humaines et en ligne.
Depuis, le 19 août 2024, la société a une licence de tour opérateur d’après le registre du commerce. C’est une technique utilisée par d’autres réseaux d’acheminement de combattants en Afrique.
D’après nos recherches, les hommes sont recrutés au Yémen, certains dans des restaurants à Amman, puis amenés à Muscat, la capitale d’Oman via la société qui est enregistrée près de Salalah. Sur place, un representant russe du nom de Dimitri participe à la gestion avec Mohammed Qasim Mahyoub Al-Olyani le représentant de la société à Oman et membre des Houthis et Hani Mohammed Ali Al-Zuraiqi, représentant de la société en Russie. De là, les recrues partent via Dubaï en Russie avant d’être dispatchées sur le terrain.
La Russie joue néanmoins double jeu. En parallèle de ce soutien mutuel avec les Houthis, Moscou tente d’établir une présence plus officielle au Yémen en réouvrant une ambassade à Aden en 2025 (l’équipe en charge des affaires du Yémen se trouve en Arabie Saoudite). Sur les photos officielles d’une grande délégation russe en Octobre 2024, on peut apercevoir Alexander Kinshak, directeur des affaires du Moyen Orient et de l’Afrique, ainsi que Pavel Korolev, 3e secrétaire de l’Ambassade de Russie pour le Yémen. La délégation discute alors avec le gouvernement du Yémen.
Dans les coulisses de la visite d’octobre, l’attaché diplomatique Egor Chopun Valegura se met en condition pour 2025.
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